Rester calme quand tout s’agite
Comment je garde le cap quand le tumulte embarque
Il y a des jours où la voie est droite, fluide, parfaitement huilée. Et puis il y a les autres. Ceux où le train est en retard, où la rame affiche plus de voyageurs que de molécules d’oxygène, où tu sens que tout le monde a laissé son sourire sur le quai. C’est dans ces moments-là que le calme devient mon super-pouvoir… ou plutôt mon muscle préféré à entraîner.
Parce que non, je ne suis pas né avec la zen attitude. Aucun contrôleur ne sort de l’école avec un diplôme en sérénité avancée. On apprend sur le terrain, avec les valises en cavale, les voyageurs qui confondent frustration et marathon verbal, les horaires qui jouent à cache-cache, et les situations qui se transforment en mini-tempêtes émotionnelles. Le calme, c’est du travail, pas un don. Et franchement, tant mieux : ça veut dire que tout le monde peut le cultiver.
Le décor ? Un train bondé, un retard qui clignote, la fameuse annonce « Nous vous prions de nous excuser… » que je récite presque comme une poésie moderne, et une vague de soupirs collectifs qui pourrait générer sa propre énergie renouvelable. C’est là, précisément là, qu’entrer dans le wagon revient à entrer dans une pièce où tout le monde a décidé inconsciemment de tester ta solidité intérieure.
Et pourtant, dans ce chaos très organisé qu’est la vie ferroviaire, il existe un point fixe. Un point d’ancrage. Un choix. Celui de rester calme. Pas passif, pas indifférent : calme.
Le calme, c’est ce moment où je me dis intérieurement : « Ok Nico, on respire. Une chose à la fois. Tu n’es pas là pour absorber l’orage, tu es là pour le traverser. » Et c’est souvent à cet instant que tout bascule. Pas parce que la situation devient miraculeusement simple, mais parce que ma posture change la façon dont elle se vit.
En fait, garder son sang-froid dans le train, c’est comme gérer un projet, mener une formation ou tenir un blog. Quand tout bouge autour de toi, tu dois devenir le point stable. Celui qui ne s’affole pas, qui observe, qui comprend… et qui agit avec intention. Le calme n’est pas l’absence de mouvement : c’est la maîtrise de celui-ci.
Ce que les voyageurs ne voient pas toujours, c’est tout ce qui se passe dans la tête d’un contrôleur. Ce petit dialogue interne où tu négocies entre ton humanité, ton professionnalisme et ta perception de l’instant. Ce moment où tu décides que tu ne vas pas répondre au stress par le stress. Que tu vas offrir exactement ce qui manque dans la scène : de la présence, de l’écoute, un souffle, peut-être un sourire.
J’ai réalisé avec le temps que ce calme m’aidait autant dans le train que dans ma vie d’entrepreneur. Un projet qui déraille ? Respire. Un client impatient ? Ancre-toi. Une réunion qui vire au ping-pong d’ego ? Reste solide. Trois outils, toujours les mêmes : respiration, ancrage, empathie. Le trio gagnant. Le kit de survie de toutes les tempêtes. Le mode d’emploi que je devrais presque imprimer et coller dans chaque cabine.
En formation, je le dis souvent : le calme n’est pas une émotion, c’est un choix. Et c’est un choix contagieux. Quand tu arrives avec une énergie posée, sincère, structurée, tu donnes indirectement la permission aux autres de descendre d’un cran dans la tension. Ça ne résout pas tous les problèmes, mais ça change complètement l’ambiance dans laquelle on va les résoudre.
Dans un train en retard, un simple « Je comprends votre frustration, et je suis là pour vous accompagner » vaut parfois plusieurs minutes de discours technique. Parce qu’au fond, les gens ne cherchent pas toujours une solution : ils cherchent quelqu’un qui ne va pas rajouter un nœud supplémentaire à leur propre nœud intérieur. Ils cherchent du calme. Ils cherchent quelqu’un qui ne tremble pas quand eux tremblent un peu.
J’ai aussi remarqué un truc assez magique : quand tu restes calme, tout le monde te parle différemment. Même la critique devient plus douce. Même le stress des autres s’ajuste à ton tempo. Le calme, c’est un peu comme mettre une musique douce dans une pièce où tout le monde se crispe. Tu ne contrôles pas la météo du train, mais tu contrôles ton propre climat intérieur. Et parfois, ça suffit à réchauffer celui des autres.
Alors oui, il y a des jours où l’on pourrait croire que je suis un maître zen caché sous un gilet SNCF. Spoiler : je ne le suis pas. Je suis juste un humain qui a appris que pour ne pas se faire happer par la tempête, il faut devenir l’endroit où elle n’a pas de prise.
Et puis il y a ce petit tip mental que je garde toujours dans un coin de ma tête, mon mantra personnel, mon garde-fou intérieur : Quand tout bouge autour de toi, deviens le point fixe. Pas le plus fort, pas le plus bruyant, juste le plus stable.
Ceux qui gardent leur sang-froid ne sont pas insensibles. Ils sont utiles. Ils deviennent des repères. Des respirations ambulantes. Des interrupteurs de stress. Parfois même des catalyseurs de confiance. Et ça, franchement, c’est l’une des plus belles choses que m’apprend chaque journée de contrôleur, d’entrepreneur, de formateur, d’humain tout simplement.
Alors oui, le train peut être en retard. Oui, le wagon peut être plein. Oui, les voyageurs peuvent être à bout. Mais tant que moi, je choisis le calme, la journée reste pilotable. Ma posture change leur expérience. Leur énergie influence la mienne, mais ne la gouverne plus. Le calme devient un langage silencieux, un outil professionnel et une force personnelle.
Et si je devais résumer tout ça ? Simple :
Le calme, ce n’est pas ce qu’on ressent. C’est ce qu’on décide de devenir.
Envie de découvrir d’autres lieux insolites, des bons plans famille, et nos coups de cœur du terroir ?
Inscris-toi à ma newsletter en cliquant ICI et reçois une dose de bonne humeur et d’inspiration directement dans ta boîte mail.
Auteur/autrice
n.jareno@reseauevaleo.com
