Retards SNCF

La vraie histoire derrière les clichés

 

Souvent, on me lance la fameuse phrase : « La SNCF, toujours en retard ! ». Comme si c’était devenu un slogan national. Je souris, parfois je rigole même, parce que ça fait plus de 20 ans que je suis à bord des trains, et si je devais résumer mon expérience, je dirais que la réalité est bien plus nuancée que cette réputation qui colle à la peau de la SNCF. Oui, j’ai vécu des retards, bien sûr. Mais pas tant que ça. Et surtout, il y a des raisons, souvent invisibles, derrière chaque minute perdue.

 

Quand on parle de retard SNCF, on imagine tout de suite une faute d’organisation, un agent qui traîne les pieds ou une locomotive en panne au mauvais moment. Mais la vérité, c’est que les causes dépassent largement le cadre de l’entreprise. Certaines sont imprévisibles, tragiques, parfois même absurdes. Et quand on est aux premières loges, on comprend vite que ce n’est pas seulement une question de trains et d’horaires, c’est une affaire profondément humaine.

 

L’une des causes les plus fréquentes, et les plus dures à vivre, ce sont les accidents de personnes. Rien que d’écrire ces mots, j’ai un pincement au cœur. En période de fêtes de fin d’année ou autour de la Saint-Valentin, les chiffres explosent. Derrière chaque incident, il y a une histoire, une douleur, un drame silencieux. Pour nous, agents, ça bouleverse tout. On ne parle plus seulement de minutes de retard, mais de vies brisées, de familles touchées. Et croyez-moi, annoncer aux voyageurs qu’on est arrêtés pour cette raison-là, ce n’est pas un simple message automatique. C’est un moment où le silence du train pèse plus lourd que toutes les horloges.

 

Puis il y a les heurts d’animaux. Oui, Bambi traverse parfois les voies, et le conte de fées s’arrête brusquement. Les sangliers ne regardent pas toujours à gauche et à droite avant de traverser non plus. Ces rencontres improbables, aussi tristes que réelles, provoquent des dégâts sur le matériel et nécessitent des contrôles.

Parce que la sécurité, c’est toujours la priorité. Un choc, même mineur, peut endommager des éléments vitaux du train. Alors on prend le temps. Et forcément, le retard SNCF s’allonge. Un jour d’ailleurs, j’accompagnais un train vers Paris et celui qui nous précédait avait percuté un chevreuil. La majorité des clients présents à bord de mon train étaient étrangers. Et comme je ne parlais pas très bien anglais à l’époque — et que nous n’avions pas encore les traducteurs automatiques — j’ai quand même dû faire une annonce pour les tenir informés. Alors j’ai pris mon courage et j’ai dit : « The train is late because… Bambi is dead. » La scène a déclenché des rires, et finalement, même si mon anglais n’était pas parfait, au moins tout le monde avait compris.

 

Parfois, c’est le matériel qui joue des tours. Un train, ce n’est pas une simple voiture qu’on peut pousser sur le bas-côté en cas de panne. C’est une machine complexe, des milliers de pièces qui doivent fonctionner en parfaite harmonie. Quand une panne survient, on n’a pas le droit de bricoler à la va-vite. Chaque réparation est pensée pour garantir la sécurité de centaines de personnes. Alors oui, cela demande du temps. Mais je préfère mille fois arriver en retard que de mettre en danger des vies.

 

Il y a aussi ces situations qui paraissent anodines mais qui bousculent tout. Un voyageur malade qu’il faut évacuer avec l’aide des secours. Dans ces moments, l’urgence humaine passe avant tout. Les minutes défilent, mais l’important, c’est de savoir que la personne est prise en charge. On ne parle plus de ponctualité, mais de solidarité.

 

Et puis, il y a les personnes récalcitrantes. Ceux qui refusent de descendre alors qu’ils n’ont pas le bon billet, ou qui bloquent volontairement les portes. Des comportements qui semblent mineurs, mais qui, multipliés, provoquent des perturbations en chaîne. Je l’ai vécu plus d’une fois : une seule personne peut retarder tout un train et, par effet domino, affecter une ligne entière.

 

Une autre cause méconnue et pourtant bien réelle : le vol de cable. Ces câbles électriques, indispensables pour alimenter les trains, sont parfois arrachés pour être revendus au poids du cuivre. Résultat : des lignes entières paralysées, des voyageurs bloqués et des réparations longues et coûteuses. Un seul vol peut désorganiser tout un réseau. Et là encore, ce n’est pas la SNCF qui décide, mais bien une conséquence de l’avidité humaine.

 

Et que dire des bagages abandonnés ? Oui, régulièrement, des valises ou des sacs sont oubliés par leurs propriétaires. Pour eux, c’est parfois dramatique : pas de maillot de bain pour les vacances, pas de tenue pour un rendez-vous important. Mais pour nous, c’est bien plus sérieux : chaque bagage suspect est traité avec prudence. Et s’il faut faire intervenir les services de déminage, les retards peuvent devenir très importants. Dans ces moments, sécurité oblige, personne ne rigole vraiment.

 

Et puis il y a la nature, imprévisible et parfois redoutable. La neige et le vent obligent régulièrement les TGV à ralentir par sécurité. Les arbres qui tombent sur les voies bloquent complètement la circulation, et il faut parfois de longues heures avant de rétablir la situation. Sans oublier la foudre, qui peut frapper directement les installations électriques et perturber tout un secteur. Ces phénomènes naturels rappellent que, malgré toute la technologie et la puissance des trains, nous restons dépendants de la météo et de la force de la nature.

 

Alors oui, parfois on arrive plus tard que prévu. Mais réduire la SNCF à cette image de « toujours en retard », c’est oublier tout ce qui se joue derrière. C’est oublier que derrière chaque trajet, il y a des vies, des imprévus, des drames, des choix de sécurité. Et c’est oublier aussi que, dans la grande majorité des cas, les trains arrivent à l’heure, ou avec un retard si minime qu’il passe presque inaperçu.

 

Et puis, soyons honnêtes : un retard, ce n’est pas toujours négatif. J’ai pris l’habitude de dire aux voyageurs : « Au moins, on a plus de temps pour faire connaissance ! ». Et ça marche. Ce petit trait d’humour détend l’atmosphère, ouvre des discussions et crée des échanges inattendus. D’ailleurs, j’évite même le mot “retard” dans mes annonces. Je préfère parler de “prolongement de notre voyage”. Parce qu’au fond, ce n’est pas qu’un temps perdu, c’est parfois un temps gagné : pour se rencontrer, pour échanger, pour vivre un voyage autrement.

 

Avec mes 20 ans d’expérience, je peux affirmer une chose : le retard SNCF n’est pas une fatalité, c’est la conséquence d’une réalité complexe et profondément humaine. Et si vous remarquez bien, toutes ces causes ont un seul et même dénominateur commun : votre sécurité. Qu’il s’agisse de protéger une vie, de vérifier une installation, de prévenir un accident ou d’éviter un danger naturel, chaque minute perdue est en réalité une minute gagnée pour préserver l’essentiel.

 

Le train, ce n’est pas qu’une machine qui file à toute allure sur des rails. C’est une aventure collective, un mélange d’histoires personnelles, de technicité, de nature et d’humanité. La prochaine fois que vous entendez « retard SNCF », souvenez-vous qu’il y a sûrement bien plus derrière que ce que le tableau d’affichage indique. Et peut-être qu’avec un peu d’empathie, le voyage semblera moins long.

 

👉 Et vous, connaissiez-vous toutes ces causes qui font parfois prolonger le parcours d’un train ?

 

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